Ce cas démontre comment un simple cadeau de remerciement peut brouiller les limites professionnelles. Lorsqu’un cadeau est offert à une infirmière, il est important de réfléchir à la façon dont le patient et les autres peuvent interpréter son acceptation du cadeau. Un sens peut être donné à son acceptation et des conclusions tirées sur la relation entre l’infirmière et le patient, qui sort du cadre de ce qui est approprié dans une relation professionnelle.
En acceptant une bouteille de vin très chère, Layla a franchi une limite, en laissant à Ben la possibilité de croire que sa grand-mère était en droit de recevoir un traitement de faveur ou spécial, du fait qu’accepter un cadeau change la dynamique de la relation, de professionnelle à amicale. Cette interprétation s’est avérée vraie lorsqu’il a déclaré qu’il était surpris que sa grand-mère ne reçoive pas des soins en temps opportun de Layla et s’est confirmée dans son esprit lorsque Layla était plus disponible le jour suivant. Si Layla acceptait le second cadeau (l’abonnement annuel au magazine et les verres en édition limitée), cela serait interprété par Ben comme une confirmation que sa relation avec Layla est plus une relation amicale et qu’il peut continuer à s’attendre à un traitement spécial pour sa grand-mère tant que des cadeaux sont offerts.
Afin de maintenir des limites appropriées avec Ben et sa grand-mère, Layla doit faire face à la situation et être claire dès le moment où le cadeau lui est présenté. Elle peut faire cela en disant, « Merci pour votre gentillesse Ben, mais je choisis de voir votre grand-mère parce que je suis en charge de ses soins et que sa santé est importante pour moi. Il n’est pas nécessaire de me remercier avec des cadeaux, aussi sympathiques qu’ils soient. Je ne peux pas accepter de cadeaux de votre part ni d’aucun de mes résidents car cela pourrait être mal interprété et je ne veux pas risquer de compromettre notre relation professionnelle ».
Les considérations relatives à l’acceptation de cadeaux et les répercussions possibles sur les limites professionnelles ne se limitent pas aux cadeaux onéreux. Un petit cadeau qui peut être partagé avec l’ensemble de l’équipe peut ne pas soulever autant de questions (comme une boîte de chocolats, une préparation faite maison ou des fruits provenant du jardin), mais le besoin d’évaluer de manière critique comment les cadeaux acceptés seront interprétés par le patient et les autres demeure. Un cadeau à partager offert une fois de temps en temps sera probablement interprété différemment qu’un cadeau à partager qu’un patient offre régulièrement. C’est parce qu’un cadeau offert régulièrement peut être interprété comme un moyen d’obtenir un traitement de faveur d’une infirmière et de l’équipe ou peut donner l’impression au patient que la relation n’est pas professionnelle mais personnelle.